La Norvège, l’Espagne et l’Irlande reconnaissent l'existence d'un État palestinien (2024)

Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé mercredi le rappel «pour consultations» de ses ambassadeurs en Irlande et en Norvège après leur décision de reconnaître un État de Palestine.

L'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont annoncé le même jour et à la même heure qu'elles reconnaîtront mardi prochain un État palestinien. Ces trois pays européens qui travaillent de concert à la promotion de l'Autorité nationale palestinienne au statut d'État pourraient être rejoints par un quatrième, la Slovénie. Son gouvernement a adopté le 9 mai un décret sur la reconnaissance d'un État palestinien qui doit être approuvé par le Parlement d'ici au 13 juin.

À Madrid, c'est le président du gouvernement, Pedro Sanchez, qui a donné la nouvelle devant le Parlement. Celui-là même qui a entraîné les deux autres pays dans son sillage, visitant Oslo et Dublin le 12 avril dernier et échouant auparavant à convaincre le Portugal, la Belgique et le Luxembourg de lui emboîter le pas. Le chef de l'exécutif a mis en avant trois arguments pour justifier une décision qui, depuis qu'il en parle publiquement, irrite les autorités israéliennes: «La paix, la justice et la cohérence.»

Les premiers ministres unissent leurs voix

Le premier concept se réfère à l'idée d'établir un certain équilibre à la table des négociations. «Seule une solution à deux États (…) permettra la paix, a dit Sanchez. Et, pour y arriver, les deux parties doivent s'asseoir à égalité de conditions.» Le dirigeant socialiste a considéré que «le temps est venu de passer des paroles aux actes. De dire aux millions de Palestiniens qui souffrent que nous sommes avec eux, qu'il y a un espoir.».

Assurant que cette décision «ne se fait pas contre le peuple d'Israël» et «encore moins contre les Juifs, un peuple admirable, dont l'identité est intimement liée à l'histoire et à la culture de l'Espagne», Sanchez a aussi réitéré sa condamnation du Hamas, défini comme «un groupe terroriste qui n'a pas sa place dans l'avenir de la Palestine». Il s'est dit conscient de possibles «conséquences» sur la relation bilatérale, qu'il s'est dit prêt à «assumer».«La diplomatie, ce n'est pas ne gêner personne, c'est défendre ses valeurs et ses principes de manière pacifique.»

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En Norvège, le premier ministre, Jonas Gahr Store, a pris la parole peu avant ses deux hom*ologues: «Nous devons faire vivre la seule alternative offrant une solution politique à la fois aux Israéliens et aux Palestiniens: deux États, vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité», ajoutant qu'il lançait «un appel fort» à d'autres pays pour qu'ils rejoignent le mouvement. La Norvège considère que les frontières de l'État palestinien doivent être celles d'avant 1967 mais que cette question ne doit pas être un obstacle aux négociations.

«Côté irlandais, le premier ministre, Simon Harris, a défini la solution à deux États comme «le seul chemin crédible vers la paix et la sécurité pour Israël et pour la Palestine», et ajouté que l'Irlande reconnaît sans équivoque le droit pour Israël d'«exister en sécurité et en paix avec ses voisins». Le dirigeant irlandais, qui a tenu une conférence de presse, a lié sa décision à l'histoire de son pays: «Occuper notre place sur la scène mondiale et que d'autres reconnaissent notre droit à en faire partie était un sujet de la plus haute importance pour les fondateurs de notre État.»

«Mouillez-vous»

L'engagement pour les droits des Palestiniens et la paix au Proche-Orient n'empêche pas les querelles politiques nationales. En Espagne, la reconnaissance par le Conseil des ministres s'appuie sur un vote unanime du Parlement en 2014. Un consensus auquel ne parviendraient pas aujourd'hui les députés. Deux partis, Vox (extrême droite) et Junts (indépendantistes catalans de centre droit) sont ouvertement hostiles à cette reconnaissance, tandis que le Parti populaire (PP, droite), qui avait voté favorablement il y a dix ans, ne dit plus clairement quelle est sa position aujourd'hui.

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Sanchez a largement souligné cette ambiguïté. Mouillez-vous! a-t-il lancé au chef de l'opposition, le président du PP, Alberto Nuñez Feijoo. Votre position ne peut pas être que vous n'avez pas de position! Les Espagnols ont le droit de savoir ce que vous pensez, et de nombreux électeurs du PP sont favorables à la reconnaissance de l'État palestinien.»

L'opinion publique espagnole compte en effet parmi les plus favorables du continent, une position à laquelle Sanchez a voulu donner une perspective historique. «Quand les bombardements auront cessé, quand la poussière des tanks et des démolitions se sera dissipée à Gaza (…), on se rendra compte qu'il s'agit de l'un des épisodes les plus sombres du XXIe siècle, a-t-il jugé. Je veux que les Espagnols puissent dire alors, la tête haute et la conscience tranquille, qu'eux étaient du bon côté de l'Histoire.»

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